Les corrélations entre l’utilisation des réseaux sociaux et la santé mentale font l’objet d’une grande attention de la part des chercheurs, qui s’appuient sur une littérature scientifique de plus en plus prolifique.
Une association significative entre l’utilisation intensive des réseaux sociaux et les problèmes psychologiques a été constatée dans plusieurs études. Il s’agit notamment d’anxiété, de symptômes dépressifs, de stress ou, dans les cas les plus légers, d’une simple réduction du bien-être subjectif et de l’estime de soi.
La dépression sur Facebook existe-t-elle vraiment ?
En raison d’une forte coïncidence entre les troubles de l’humeur et l’utilisation des réseaux sociaux, les chercheurs ont identifié un trouble appelé « dépression Facebook ». C’est ce qu’a rapporté Margot Morgiève, psychologue clinicienne, lors de la journée d’ouverture du congrès de la Société française de pédiatrie (1-3 juin 2022, Lille).
Mais les études sur ces questions conduisent à penser que les effets des réseaux sociaux sur la santé mentale ne sont pas tant liés aux réseaux sociaux eux-mêmes qu’à l’usage détourné que nous en faisons.
L’utilisation problématique des réseaux sociaux
Il existe trois grands types d’utilisation déformée des réseaux sociaux.
La comparaison sociale
Le premier est lié à la comparaison sociale, c’est-à-dire à la tendance spontanée des êtres sociaux à se comparer à des individus qui semblent plus attrayants.
Cela conduit de nombreux utilisateurs à souligner et à mettre en valeur les aspects positifs de leur vie, en se présentant comme sûrs d’eux, équilibrés et satisfaits.
Mais ceux qui pensent ne pas pouvoir atteindre ces standards de positivité peuvent se percevoir de manière négative, diminuant ainsi leur estime de soi et favorisant l’apparition de symptômes dépressifs.
L’addiction aux réseaux sociaux
Le deuxième problème des réseaux sociaux est leur propension à favoriser les comportements addictifs, notamment la peur de manquer des nouvelles importantes. Ainsi, on observe une tendance à promouvoir les fils d’actualité, c’est-à-dire la mise à jour permanente d’une liste de nouvelles personnalisée.
Les principaux symptômes du développement d’une dépendance sont les suivants :
- La tolérance : chez les personnes dépendantes des réseaux sociaux, on observe un sentiment croissant de nécessité absolue de rester connecté, de plus en plus longtemps, pour atteindre le même niveau de plaisir ;
- L’abstinence : lorsqu’il leur est interdit d’utiliser les réseaux sociaux, les personnes montrent généralement des signes d’impatience, d’inconfort ou d’irritabilité au simple fait de ne pas pouvoir accéder à leurs comptes sociaux ;
- Le conflit : les contacts relationnels virtuels deviennent l’intérêt principal et entrent en concurrence avec toute autre activité : loisirs, sports, études, travail, etc.
Enfin, il existe un nouveau phénomène appelé « Fear of Missing Out » (FoMO), qui a pris une ampleur démesurée à l’ère sociale.
En pratique, il s’agit de la peur de « ne pas être là », d’être exclu des événements organisés par les amis si l’on n’est pas connecté aux réseaux sociaux. Ce qui a pour conséquence de créer une compulsion supplémentaire à être constamment connecté sur le net.
Utilisation de substitution
L’utilisation de substitution est l’étape qui suit la précédente : elle se produit lorsque le temps passé dans l’environnement « en ligne » remplace presque complètement le temps passé « hors ligne ».
Dans cette catégorie d’utilisateurs, des sentiments de solitude sont parfois signalés en raison de la prise de conscience de l’absence de liens intimes.