Les fourmis pratiquent des mesures d’isolement et de distanciation sociale pour empêcher la propagation des maladies. Pour les besoins de l’étude citée dans notre précédent article, les chercheurs ont placé certaines fourmis butineuses en contact avec le champignon Metarhizium brunneum.
Moins d’interactions après l’infection
Quelques heures après l’exposition à l’agent pathogène, la séparation entre les deux groupes (ouvrières nourrices et fourragères) au sein de la colonie a été renforcée.
Ainsi, avant même de tomber malades, les butineuses contaminées ont changé leur comportement pour lutter contre la propagation de la maladie.
En effet, elles passaient encore plus de temps hors du nid, et réduisaient drastiquement leurs contacts avec les autres fourmis.
D’ailleurs, même les butineuses qui n’ont pas été exposées à l’agent pathogène ont pris des mesures pour s’isoler. En outre, les fourmis nourricières ont réagi en déplaçant la couvée d’œufs et de larves plus profondément à l’intérieur du nid. Tous ces changements sont intervenus avant que les fourmis contaminées ne tombent malades.
La fourmi serait ainsi capable de détecter très tôt la présence des spores du champignon, aussi bien dans son propre corps que dans celui de ses congénères. Cette réactivité permet à la colonie d’enclencher rapidement les mécanismes salutaires de distanciation sociale.
Modifier son comportement individuel pour le bien de tous
Selon les différentes simulations effectuées par les chercheurs, ces changements de comportement réduisent considérablement la propagation des infections au sein de la colonie, protégeant les ouvrières et la reine contre les maladies.
Etant donné que la reine seule est en mesure de se reproduire, l’évolution a favorisé chez la fourmi un comportement individuel qui profite à l’ensemble de la colonie, ce qui est typique des insectes sociaux.
Selon Nathalie Stroeymeyt, la chercheuse qui a dirigé cette étude, les insectes sociaux pourraient nous apprendre des moyens de réduire la transmission des maladies à l’échelle de la population. A bon entendeur.