On pensait que la pratique de la chirurgie esthétique clandestine était réservée aux pays du tiers-monde, notamment ceux d’Amérique latine. Pourtant, l’exercice illégal de la chirurgie et des traitements esthétiques a fini par gagner Paris. Des médecins non-qualifiés, voire des esthéticiennes sans formation médicale, y proposent des traitements de médecine esthétique à moindres frais.
Une tendance qui inquiète de plus en plus les professionnels de la santé en France, surtout face à l’engouement grandissant des jeunes patients pour la médecine et la chirurgie esthétique.
Une fausse médecin pratique la chirurgie esthétique sur des prostituées de Belleville
Fin novembre 2021, un coup de filet de la police judiciaire a permis de démanteler un réseau criminel impliqué dans la pratique illégale de la chirurgie esthétique. Situé en plein Paris, le cabinet clandestin proposait des interventions de chirurgie esthétique à prix cassé. Des prostituées, pour la plupart d’origine asiatique, en étaient les principales clientes.
Une fausse médecin, qui se faisait passer pour une spécialiste de chirurgie plastique, a été arrêtée. Elle aurait opéré plusieurs travailleuses du sexe de Belleville. Deux de ses associées, soupçonnées de trafic de médicaments, ont été mises en examen.
Des injections d’acide hyaluronique à moitié prix dans des cabinets esthétiques illégaux
A Paris, la pratique illégale de la médecine esthétique est plus répandue qu’il n’y paraît. Porté par les réseaux sociaux, un véritable marché parallèle de l’esthétique s’est développé dans la capitale française.
En Avril 2021, un épisode de Complément d’enquête (une émission hebdomadaire d’investigation diffusée sur France 2) a mis en lumière cette tendance pratiquée aussi en Tunisie.
Se faisant passer pour une patiente, la journaliste de l’émission a contacté un « centre esthétique » proposant ses services sur Instagram à des prix alléchants. En se rendant à l’adresse indiquée, la journaliste découvre un simple appartement, où le salon fait office de salle d’attente pour les patients. Pour recevoir les injections volumatrices au visage, il faut aller dans la pièce adjacente, qui n’est autre qu’une cuisine réaménagée en « cabinet esthétique ». La praticienne en charge des soins affirme qu’elle collabore régulièrement avec des chirurgiens esthétiques. Elle assure qu’elle prend le relais des praticiens pour les soins esthétiques, pendant que ceux-là « sont occupés à opérer ».
Toutefois, il n’y a aucun moyen de vérifier les diplômes de la prétendue infirmière, et encore moins la qualité du produit médical injectable (à savoir l’acide hyaluronique dans ce cas). Evidemment, les injections volumatrices au visage s’effectuent dans des conditions déplorables, au mépris des normes élémentaires d’hygiène et de sécurité.
En France, ce type de pratiques frauduleuses est passible de 2 ans de prison ainsi qu’une amende pouvant atteindre 30000€. Des sanctions insuffisantes selon le Syndicat national de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, qui appelle les patients à se méfier des injections bon-marché, souvent associées à des résultats inesthétiques ainsi que des complications potentiellement graves.